Demain tout recommencera...



Mes yeux s'entrouvrent, chatouillés par la lueur des lampadaires qui traverse la fenêtre. La nuit est noire et silencieuse; elle se tait et m'observe. Pas un seul bruit dans ma chambre autre que celui de ma respiration saccadée. Depuis des jours, mon subconscient me joue de mauvais tours. Il ne sait plus distinguer le jour de la nuit, le temps m'est devenu étranger, comme ma vie. Rien n'a plus d'importance, il est sans doute trop tard pour revenir en arrière.
Cette chose qui m'anime semble aussi bien être la cause de mon chagrin, tout du moins elle ne fait que l'amplifier. Ma vie m'échappe un peu plus à chaque seconde sans que je parvienne à trouver une échappatoire  à ce labyrinthe infernal. Un souffle glacé se glisse brusquement dans mon dos, mes mains tremblent, mes yeux me brûlent. Cela recommence ! Cette sensation si mystérieuse m'est devenue trop familière. Sans elle, impossible de vivre, ou plutôt impossible de survivre. Elle me manque terriblement. Elle m'appelle, elle crie, elle hurle : rien de plus simple que de savoir me persuader. Juste quelques bouffées me promet elle. Se détendre tel est l'unique but...
Ma vie d'adolescent banal défile comme si j'en étais absent. Lycéen trop influençable, il m'a fallut côtoyer le double jeu d'un ami faussement dévoué et d'un dealer intéressé.  Comme un aimant, il a su m’hypnotiser et me guider vers le chemin du gouffre. La paresse s'est emparée de mon esprit me menant vers la dégénérescence : mauvaise fréquentation, mauvaise humeur,  mauvais résultats, mauvais genre... Tout avait basculé en un rien de temps ! Elle m'était essentielle et faisait partie de moi, la chose interdite.

Le sifflement du vent dans les branches au dehors me sort de mes pensées. Toujours ce vide. La flamme aux reflets bleutés projette mon ombre difforme sur le mur tout en allumant la pièce à conviction dissimulée sous mon matelas. Ma main porte mollement la chose principale à mes lèvres. Les effluves de la drogue diffusent en moi un bien-être intense. Comme celles d'un dragon, mes narines crachent le feu qui brûle en moi. Mes mains sont moites et des gouttes de chaleur coulent le long de mon front. Je vois le visage de Laure inondé de pleurs. Sa tristesse est infinie et son âme fait naufrage. Ma moitié, ma jumelle ne parvient plus à trouver le sommeil depuis des jours. Elle a découvert mon addiction et sans jamais parvenir à raisonner mon corps, elle se lamente et cherche une solution en vain. Sans cette fumée, mon corps inerte se meurt. Un besoin vital si dur à dissimuler. Je ne maîtrise plus mon corps, mon esprit est hors de moi et s'envole. Tout se floute, les meubles dansent et les murs s'écroulent : un tourbillon gigantesque !
Ce ballet est interrompu par des pas discrets. Les yeux verts et mouillés de ma sœur tentent d'apprivoiser les miens tachetés de rouge. Elle sait que mon corps a succombé et que mon esprit s'est laissé faire docilement. Ses bras m’enlacent et sa voix me chuchote dans l'oreille des mots doux. Je réunis mes dernières forces et lui glisse un "je t'aime" inaudible avant de plonger dans les bras de Morphée. Un sourire timide se dessine sur ses lèvres qui me tendent un doux baiser.
Demain tout recommencera...


Olympe


Commentaires